Le nombre d’ingénieurs diplômés en France reste insuffisant face aux besoins des entreprises
Dans son panorama 2024, la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI) affiche 46 500 nouveaux diplômés en 2022-2023, alors que les entreprises en réclament 20 000 de plus. Si le rapport confirme une insertion rapide et durable, encore plus que les années précédentes, les discriminations de genre subsistent.
250 000 : c’est le nombre d’étudiants inscrits, en 2022-2023, dans une école d’ingénieurs en France. Parmi eux, 197 100 suivent une formation d’ingénieur, indique la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI) dans son panorama 2024, les autres un bachelor, un master... Ce rapport s'appuie sur une enquête à laquelle 89% des écoles ont répondu, mais aussi sur les données de la Commission des titres d’ingénieur (CTI), de la Conférence des grandes écoles (CGE) et du ministère de l’Enseignement supérieur.
D’après l’enquête, 46 500 étudiants ont été diplômés ingénieurs en 2022, soit 0,7% de moins que l’année précédente. Ce chiffre devrait stagner, voire baisser, dans les années à venir, puisqu’en 2023, le nombre de nouveaux entrants en première année du cycle ingénieur atteignait 45 000 inscrits, contre 46 500 en 2022 indique la CDEFI. Le ministère de l’Enseignement supérieur comptabilisait quant à lui 47 700 inscrits à la rentrée 2022, soit 7,8% de plus qu'il y a cinq ans, mais 1% de moins que l’année précédente. Une baisse faible, mais inquiétante, alors que le nombre de diplômés ne suffit pas à répondre aux besoins en recrutement des entreprises, qui tirent la sonnette d’alarme : il y a quelques mois, la fédération Syntec Ingénierie confiait à L’Usine Nouvelle qu’il faudrait diplômer 20 000 ingénieurs supplémentaire chaque année.
Parallèlement, le panorama de la CDEFI observe une légère évolution de l’origine des admis : 36% des étudiants du cycle ingénieur sont issus de classes préparatoires dites intégrées (CPI), contre 34,5% des élèves issus de classes préparatoires, jusqu’alors considérées comme le premier vivier de recrutement des écoles d’ingénieurs. Cette inversion s’explique notamment par la montée en puissance des écoles privées post-bac. Notons cependant que ces chiffres ne représentent pas la totalité des écoles d’ingénieurs françaises : 83% des écoles interrogées ont répondu aux questions sur l’origine des étudiants du cycle ingénieur.
L’insertion en hausse
Alors que le nombre annuel de diplômés ne connaît pas la hausse attendue par les entreprises, ces dernières continuent de s’arracher les jeunes ingénieurs : en 2023, 96% d'entre eux ont trouvé un emploi dans les quatre mois après l’obtention de leur diplôme. Mieux encore, 68% avaient déjà reçu une promesse d’embauche avant même d’avoir obtenu le précieux sésame. Les très bons résultats mis en exergue par l’édition 2024 de ce panorama confirment la tendance : un an plus tôt, la CDEFI annonçait 95% de diplômés en emploi dans les quatre mois après le diplôme, contre 93% en 2022 et 90% en 2021. Parallèlement, 79% des répondants ont indiqué être en CDI dans les six mois après la sortie d’école, et ce chiffre grimpe à 82% 15 mois après.
Comme l’année précédente, le rapport note cependant que les femmes signent davantage de CDD que leurs homologues masculins : ces contrats moins durables concernent 11% des répondantes, contre 8% des répondants. Ce déterminisme lié au genre demeure lorsque l’on s’attarde sur la répartition des jeunes diplômées par branche professionnelle : d’après l’enquête CGE 2023, repris par la CDEFI cette année, l’industrie agroalimentaire et l’industrie chimique attirent toujours plus de femmes que d’hommes, avec respectivement un taux de féminisation de 65,5% et 61,1%, tandis que les technologies de l'information et de la communication (TIC) ainsi que la métallurgie peinent à convaincre les profils féminins (18,7% et 21,6%).