EDITO

Maj Michel Gerber, cdt rempl bat car 1

Carabins !

Post tenebras LUX

Cette phrase latine est la devise de Genève et signifie "après les ténèbres, la lumière".

Nous voici à la fin de ce fameux exercice "LUX", l'appui aux autorités civiles afin de protéger l'aéroport international de Genève et ses couloirs d'approche. Exercice réussi, mission accomplie! La lumière est revenue… mais quel exercice! quelles journées!

Dès jeudi soir, la Magique a fait mouvement sur Genève avec l'appui du réseau senseurs-effecteurs afin de créer les conditions favorables pour le reste du bataillon: prendre et installer les cantonnements et jalonner "comme Europa-park", chacun sait où il doit aller.

Le vendredi matin à 10h00, le bataillon a été déclenché par le Divisionnaire afin de prendre le dispositif "LUX" en 27 heures. Le mouvement du secteur Berne à Genève a été un succès, tout le monde est arrivé au bon endroit et à l'heure sans accident, Bravo!

La Volante a pris le dispositif "AERO SUBITO" sur l'aéroport de Genève, la Une de Fer et la Lourde les postes d'observation "MANPADS" au sud, respectivement au nord de Genève, et la Furtive (la compagnie d'exploration) les secteurs "SKYGUIDE" sur les hauts du Jura. Ainsi, le dispositif complet "AERO SUBITO +" était pris pour la première fois.

La prise du matériel et l'instruction axée sur l'engagement ont eu lieu toute la nuit du vendredi au samedi. Il fallait instruire les conducteurs à la conduite sur le tarmac et coordonner les liaisons avec la police et l'état-major AERO-SUBITO.

Au petit matin, les carabins étaient déjà engagés à 100% et les premiers signes de fatigue se faisaient sentir. Mais c'est là que tout commençait vraiment: il fallait assurer les tournus afin de garantir les relèves 24h/24 durant plusieurs jours. Au vu des effectifs réduits, des tournus de 12h ont dû être planifiés par les cdt cp: en clair, un sergent et ses soldats se trouvaient durant 12h sur un mirador aux abords du tarmac ou sur un poste d'observation. Ces tournus ont continué jusqu'au lundi soir, donc trois jours de relèves. Quel challenge et quel courage de la part de tous les carabiniers!

Le défi était grand, mais nous avons réussi ensemble. J'ai pu constater personnellement l'engagement de chacune et chacun lors de mes visites sur les différents postes, et j'ai réellement senti l'envie de réussir, et de bien faire! "Vous avez fait le job!" Les retours des autorités civiles et de la police sont également très positifs, ils ont beaucoup apprécié notre engagement et notre travail.

Merci à toutes et à tous pour votre engagement sans faille, je suis fier d'être le Commandant en second de ce beau bataillon.

INTERVIEW

Commandant de corps Philippe Rebord, chef de l'armée Suisse

Serait-il possible de nous faire un bref récapitulatif de votre parcours chez les carabiniers ?

J’ai commencé mon premier cours de répétition comme lieutenant en 1979 à « la Une de Fer » à Arolla (VS). Nous y avions participé à des tirs de bataillon renforcés, les appuis directs de l’artillerie et de l’aviation. À ce moment-là, on avait les « Hunter » (ndlr: Ancien avion de combat de l’armée Suisse). Après cela j’ai effectué 4 cours à la « Une » et un à la cp2 avant de reprendre le commandement de la cp EM de 1985 à 1988. Maintenant, je fais partie de la vieille garde du Bat car 1, un club qui a garanti la survie de notre bataillon jusqu’à maintenant.

Est-ce que vous avez vu une évolution au niveau des moyens du Bat ?

Au niveau des moyens, l’évolution a été absolument colossale! Imaginez-vous simplement que quand j’étais commandant de compagnie nous avions six appareils radio SE-125. Alors qu’aujourd’hui, le bataillon en a beaucoup plus! On n’était pas du tout motorisé alors qu’aujourd’hui nous disposons de véhicules. De mon point de vue, l’infanterie n’a jamais été aussi forte que maintenant.

Et au niveau de l’état d’esprit ?

Alors ça, c’est le paradoxe. C’est quelque chose d’extraordinaire et c’est valable pour tous les bataillons de carabiniers : il y a un « esprit carabinier ». Que ce soit chez le « Geb S Bat 6» de Zürich ou chez les Genevois du 14, il y a cet esprit carabinier. Ce qui est amusant, c’est qu’un jeune soldat qui débarque et qui n’y connaît rien, il s’approprie tout de suite l’esprit. Cela prouve, peut-être, que ces signes de ralliement deviennent attractifs pour la jeune génération à la recherche de certaines valeurs.

Et que nous vaut donc l’honneur de votre visite au bataillon de carabiniers 1 ?

Je suis venu aujourd’hui pour me faire plaisir ! On est à trois mois de mon départ à la retraite et j’avais envie de passer au bataillon de carabiniers. Je n’avais aucune plage horaire possible et c’est pour ça que j’ai pris un jour de vacances pour venir vous voir. Je suis venu ressentir l’esprit carabinier.

Et quelle est donc votre impression du bataillon ?

De tout ce que j’ai vu dans ces petites séquences, j’ai trouvé cela très bien. J’ai aussi fait attention à l’esprit tenu, au comportement et au langage et je trouve qu’il y a un petit supplément d’âme chez les carabiniers ! Et tout ça, ça se lit dans leur comportement, dans leur façon de se déplacer.

Que représente le Bat car 1 pour vous ?

Le Bat, car 1 il représente mes racines et ma famille militaires, ici je suis chez moi. En réalité je suis partout chez moi, mais là je suis dans ma famille.

Vous auriez un petit mot à dire à propos de l’exercice LUX ?

Je crois que c’est un exercice important pour revalider ce dispositif de protection de l’aéroport de Genève. Il est important de le revalider de temps en temps parce que l’environnement géographique change beaucoup avec les constructions, les nouvelles routes et tous les différents changements. Pour cela, nous avons besoin de l’engagement de la troupe à l’échelle 1:1. Ça nous permet de voir concrètement où sont les impasses et où sont les difficultés. De plus, il s’agit d’un exercice de dimension internationale et la troupe y représente notre pays, notre armée. Les sous-officiers vont tenir le rôle principal dans cette manœuvre, car ce sont eux qui sont en charge sur chaque poste et de la réussite de la mission.

Et que diriez-vous aux soldats qui sont directement engagés sur l’exercice ?

J’aimerais déjà leur dire merci pour leur engagement citoyen ! En discutant avec quelques soldats, j’ai vu qu’il y avait la problématique du service ce week-end. Évidemment qu’ils n’ont pas un enthousiasme fondamentalement démesuré à l’idée de le faire, mais ils m’ont dit « on va faire le job ». Alors, faites le job !