Écriture inclusive

 

Écriture inclusive

 

Quelques lectrices et quelques lecteurs m’ont fait part de leur réserve, et parfois même de leur nette désapprobation, au sujet de l’écriture inclusive que j’ai utilisée pour la première fois dans mon roman .

 

Tout d’abord, je les remercie pour l’intérêt qu’ils et elles ont manifesté pour ce livre.

Pour leur répondre, j’aimerais utiliser une parabole :

Imaginons une personne qui aime les belles voitures et qui est très fière de la sienne. Habituée à la conduire, elle est très à l’aise à son volant. Elle la trouve très belle, performante et ne lui trouve que des qualités, ou presque.
Un jour, au volant de son splendide bolide, elle voit un corps étendu sur le bord de la route. Elle s’arrête et constate qu’il s’agit d’un blessé, probablement un piéton renversé par un chauffard. L’accidenté saigne abondamment. Il doit être emmené à l’hôpital de toute urgence. Il convient de le charger à l’arrière de la voiture et de partir sans attendre, mais le blessé saignera sur le beau velours de la banquette.

Qu’est-ce qui est le plus important ? La vie de l’homme ou l’esthétique de la voiture ?

 

Mon image n’est pas parfaite, bien sûr, mais vous l’avez compris, le français, c’est la belle voiture.Le blessé c’est la situation des femmes dans notre société trop patriarcale.

Qu’est-ce qui est le plus important : préserver l’esthétique de la langue ou tenter de mettre fin à une injustice envers les femmes qui dure depuis bien trop longtemps ?

Pourquoi le masculin doit-il encore l’emporter sur le féminin ?

Pourquoi le mot « Homme » désigne-t-il l’ensemble de l’humanité ?
N’est-il pas temps de mettre un terme à ces règles qui pénètrent nos inconscients depuis l’enfance ?

Devons-nous hésiter à modifier notre langue afin que les femmes aient enfin le même salaire que les hommes, à travail égal ? Je ne le pense pas. Nous devons le faire, car notre doxa est, entre autres, dans nos mots.

Ensuite, une langue vivante évolue, par définition, sinon il s’agirait d’une langue morte.

 

Évolution de la langue française :

Ier – Ve siècle : mélange de gaulois et de latin vulgaire.

IXe – XIIIe siècle : ancien français

XIVe – XVe siècle : moyen français

XVIe – XVIIIe siècle : français classique

Du XVIIIe siècle à aujourd’hui : français moderne qui ne cesse de se transformer pour évoluer. Nouveaux mots ajoutés au dictionnaire, petites modifications successives des définitions… Qui est capable aujourd’hui de lire aisément un texte en ancien français ?

 

• Suis-je légitime pour modifier le français ?

Je ne l’ai jamais prétendu. L’écriture inclusive n’est pas mon invention.

• L’écriture inclusive est-elle la meilleure façon de modifier notre langue ?

Je ne l’ai jamais prétendu non plus. En fait, je n’en sais rien. Peut-être pas. J’ai choisi de l’adopter parce qu’elle a le mérite d’exister. Je n’avais pas envie d’attendre jusqu’à la fin des temps que les vieux mâles conservateurs de l’Académie française nous proposent quelque chose dans ce domaine.

La première fois que j’ai vu de l’écriture inclusive, je me suis simplement dit que c’était laid et pénible à lire. Mais j’ai aussi compris que je n’avais pas affaire à de simples délinquants de la langue qui prenaient plaisir à la défigurer pour le plaisir de nuire. Deux romans plus tard, pour , j’ai décidé de l’adopter.

Je pense en avoir fait un usage modéré. Tout d’abord : seul le narrateur omniscient y a recours et encore avec retenue, car j’ai souvent utilisé des tournures épicènes. Mon but était de faire montre de mon adhésion à l’idée selon laquelle notre langue doit donner une place équitable au féminin, et ceci urgemment. Même si cela nous fait mal aux yeux pour l’instant. Elle n’en sera que plus belle plus tard quand nous en aurons pris l’habitude. Oui, nous devons transformer notre langue, d’une manière ou d’une autre, car il s’agit d’une question de justice.

 

 

Quelques liens au sujet de l’évolution du français :

L´histoire du français

Origines et évolution de la langue de Molière

Histoire de la langue française sur wikipedia

Par curiosité, texte en ancien français : Brunain la vache au prêtre