HORIZONPourquoi Airbus mise sur l'avion à hydrogène pour assurer son avenir

Pourquoi Airbus choisit l'avion à hydrogène pour assurer son avenir

HORIZONPropulsé par le Covid-19 dans le plus grand trou d’air de son histoire, Airbus fixe l’horizon et prépare « le coup d’après » en annonçant pour 2035 un avion propre, fonctionnant à l’hydrogène. Explications
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Airbus a dévoilé ce lundi son ambition de mettre en service un avion de ligne entièrement décarboné en 2035.
  • Le constructeur fait le choix technologique de l’hydrogène, inépuisable.
  • Mais c’est tout l’écosystème de l’aéronautique qui devra s’adapter pour réussir ce pari.

Un ciel rempli d’avions mais toujours bleu. Voilà à quoi rêve Airbus en plein orage provoqué par la crise sanitaire du coronavirus. L’avionneur a annoncé ce lundi son intention de « révolutionner l’écosystème de l’aéronautique » en mettant au point le tout premier avion de ligne « décarboné ». Guillaume Faury, le patron du constructeur européen, table sur une mise en service en 2035 et sur le potentiel de l'hydrogène comme carburant alternatif au kérosène.

Psychologiquement, l’avion vert, affranchi des énergies fossiles, est la réponse au « Flydskam » d’après l’expression suédoise, la « honte de prendre l’avion », une prise de conscience déjà prégnante avant la crise mais dont la petite musique s’amplifie dans un monde postconfinement. L’hydrogène, élément constitutif de l’eau, porte la promesse d’un carburant super-vert pour peu qu’on trouve une technique non polluante de l’isoler.

Ailes futuristes et réservoirs cryogéniques

Pragmatiquement, l’avion décarboné est une piste tracée par le gouvernement quand il a annoncé un plan de soutien de 15 milliards d’euros pour l’aéronautique. Les pouvoirs publics (y compris en Allemagne) sont prêts à mettre au pot pour prendre le leadership de l’avion écolo et occuper toute une génération d’ingénieurs dont l’horizon est pour l’heure incertain.

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Techniquement enfin, « l’hydrogène présente les mêmes performances que le kérosène », rappelle Grazia Vittadini, responsable technologie du groupe. Mais il a aussi le défaut de prendre « quatre fois plus de volume ». D’où l’allure des trois « concept plane », trois déclinaisons d’architectures futuristes d’appareils « ZEROe » (pour zéro émission), présentés lundi par Airbus.

Le turboréacteur à hydrogène imaginé par Airbus. Il pourrait transporter 120 à 200 passagers.
Le turboréacteur à hydrogène imaginé par Airbus. Il pourrait transporter 120 à 200 passagers. - Airbus Group
Le turbopropulseur (à hélices), zéro émission, imaginé par Airbus.
Le turbopropulseur (à hélices), zéro émission, imaginé par Airbus. - Airbus

Pour les deux premiers avions imaginés – un turbo réacteur « cousin » de l'A320 pouvant transporter jusqu’à 200 passagers et un turbopropulseur à hélices d’une centaine de places – l’arrière du fuselage est « aveugle » pour ménager un grand réservoir à hydrogène. Et la petite « cheminée » visible au-dessus de la dérive est un conduit d’évacuation en cas de fuite. Pour le troisième concept, « une aile volante », façon ovni, qui a suscité l’ironie des réseaux sociaux « les possibilités de stockage de l’hydrogène sont multiples », indique l’avionneur.

Selon Jean Brice Dumont, patron de l’Ingénierie d’Airbus, le choix entre les trois possibilités d’aéronef devrait se faire d’ici 2024. « Nous n’avons pas de produit cible », précise-t-il.

Besoin d’alliés

L’idée générale est d’équiper le futur appareil de réservoirs cryogéniques puisque l’hydrogène pour être injecté dans les turbines et y brûler façon kérosène doit être transporté à l’état liquide, autrement dit refroidit à – 250 °C. L’hypothèse d’une hybridation avec une pile à combustible, donc d’un complément d’énergie électrique, est sur la table.

Pour ce nouveau défi, Airbus bénéficiera de l’expérience des programmes Ariane qui utilisent déjà l’hydrogène comme combustible. D’ailleurs Airbus, le motoriste Safran, Arianegroup et l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera), basé à Toulouse, travaillent déjà ensemble depuis le début de l’année sur la conversion de l’aviation civile à l’hydrogène.

Enfin, l’avionneur ne pourra pas réussir seul la transition. En d’autres temps, pour accueillir l'A380, les aéroports du monde entier ont dû rallonger leurs pistes. Là, ils devront se doter d’un circuit de ravitaillement en hydrogène et les équipes de maintenance des compagnies aériennes devront aussi être formées. Il va falloir embarquer tout un écosystème dans l’aventure.

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